La photo
J’avais décidé, ce jour-là, de faire un peu de rangement dans mon grenier. On entasse une multitude de choses, pensant qu’elles serviront un jour ou bien parce que certaines ont une valeur sentimentale. Les jours passent, les années….et elles sont toujours là, inutiles et poussiéreuses.
Je ne suis pas trop un homme du passé, même pas du tout d’ailleurs. Le passé n’est plus et il vaut mieux vivre dans l’énergie du présent, me semble-t-il. Donc de temps en temps, je me débarrasse de ce qui m’encombre sans trop d’état d’âme. Mais ce jour là, je tombe par hasard sur cette photo qui aussitôt m’émeut.
Je regarde cet enfant, à l’aube de sa vie, bien sage dans son tablier bleu. A cette époque le tablier était obligatoire à l’école. La vie ne l’a pas encore marqué, ni buriné. Dans son regard il ya de l’innocence et encore de la fraîcheur. Il ne sait absolument pas ce qui l’attend : une existence avec des joies et des peines, mais aussi des épreuves. Ses cheveux sont blonds comme les blés et il paraît à la fois bien sage et fragile. Il ne sait rien de ce qui va lui arriver. Il est à l’aube de son destin.
Cet enfant, c’est moi et quelque part il m’attendrit. Des souvenirs me reviennent. Je rentre de l’école et je joue dans les bois avec d’autres enfants. Insouciance des jeunes années. Cet enfant, ce n’est plus moi. De l’eau à couler sous les ponts et les saisons se sont succédées implacablement, rythmant mon existence, entre bonheur et souffrance.
Ce jour là j’ai tout jeté sauf cette photo. Je crois même que je vais l’accrocher sur le mur de ma chambre.