Un petit monde parallèle
Depuis septembre 2001, le cocooning s’est littéralement transformé en cocon armé pour se protéger des agressions du monde extérieur – terrorisme, guerre bactériologique, pollution... et hypothétiques voisins psychopathes. Le cocooning est synonyme de confort et de sécurité. Néanmoins, cette notion est fort subjective, comme en fait foi l’anecdote qui suit.
Cet hiver, des sans-abri avaient construit un cocon à leur goût sous un viaduc de la ville où j’habite. L’un d’eux disait : « Je me sens bien ici, c’est chez moi. Je peux dormir tranquille, c’est si petit que les chandelles chauffent la place très vite. Je peux même réchauffer ma soupe! » Ses copains et lui avaient l’air vraiment heureux de leur petit monde parallèle où ils se sentaient plus libres qu’en maison d’accueil. On n’a pas tardé à les déloger pour préserver la sécurité du quartier et l’image de prospérité de la ville.
Or, ce témoignage me faisait réaliser à quel point il suffit de peu pour rencontrer le critère de base du cocooning : se sentir bien chez soi. Le reste n’est que décor de théâtre plus ou moins sophistiqué. Car en définitive, cet abri n’a de signification qu’en raison de l’individu qui l’habite et sans lequel, en dépit de tous les meubles du monde, il serait vide. Vouloir s’entourer de beauté et de confort et y pourvoir selon ses moyens est tout à fait légitime, mais il n’en demeure pas moins que vos amis se souviendront bien plus de votre accueil que de votre décor.
Autrement dit, c’est vous qu’on veut voir, pas vos bibelots ni votre moquette. Alors, n’hésitez surtout pas à miser sur votre propre nature chaleureuse, celle-ci se reflétera inévitablement de l’intérieur vers l’extérieur; et qui plus est, elle vous suivra partout.
Leslie du Canada