Le nouveau paradigme

Quand le disciple est prêt, le maître disparaît

Alain Brêthes

La vie est en mutation constante et notre quête spirituelle se transforme aussi. Nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle dont les prémisses commencent à se faire sentir. Le rôle et l’importance des mouvements religieux, des maîtres et gourous touchent à leur fin. Ils ont accompagnés pendant des siècles et des siècles l’homme dans sa recherche spirituelle, le guidant et l’influençant dans ses choix, créant ainsi de forts liens de dépendance. La recherche du divin exigeait de se soumettre à des rites complexes, à certaines règles non exemptes de culpabilité. Cette époque, nécessaire à l’homme pour évoluer, est désormais révolue. D’autres voies surgissent, un nouveau chemin se fait jour : celui de l’autonomie, de la liberté et de l’éveil conscient. C’est un changement de conscience important qui est en train de naître.

Pour vivre sa spiritualité, l’homme peut maintenant avancer sans béquilles. Il a sans doute un peu grandi et peut établir un contact direct avec le divin. Il commence à comprendre que tout est en lui et que c’est lui seul qui doit exploiter son potentiel intérieur. Des petites groupes se font jour où se retrouvent des familles d’âme qui décident de méditer ensemble en dehors de tout dogme.

A L’Espace 34, nous sentons bien cette nouvelle approche. Je pense notamment à un groupe qui se réunit une fois par semaine pour méditer ensemble. Ce sont les nouveaux chercheurs et leur démarche est à la fois individuelle et communautaire. Il n’y a pas parmi eux un leader qui se dégage. Ils avancent ensemble mais dans le respect des uns  et des autres. A l’ère de la culpabilité et du pêché est en train de succéder l’ère de la fraternité. De nouvelles valeurs sont en train de surgir : travail personnel sur soi, ouverture au monde, désir de mieux comprendre et d’élargir sa conscience, autonomie spirituelle.

Daniel

Comments

[Alain THOMAS]

Peut-être faut-il voir les choses dans leur globalité et différencier les êtres selon le monde dans lequel ils vivent.
Les enseignements diffèrent par leur quantité selon les traditions.
Les catholiques ont écrit la bible quelques trois siècles après la naissance du Christ et l'enseignement du Bouddha est préservé en 108 volumes de plus de mille pages sans compter les commentaires qui représentent plus de de 200 volumes.
Et pourtant, l'enseignement peut se résumer en trois ou quatre lignes, quelle que soit la tradition.
Comment peut-on présenter le même message d'amour, car il ne s'agit en fait que de cela, au petit éthiopien en train de mourir affamé sur le bord de la route qu'à l'intellectuel londonien ou new yorkais assis sur la terrasse d'un pub en train de lire son journal quotidien ?
Si les enseignements bouddhistes sont multiples c'est parce qu'ils sont présentés de manière très différente en fonction des êtres qui les écoutent.
Voilà pourquoi il est encore nécessaire que le Maître, tout comme le Prêtre, existe et rassure, par sa culture, sa connaissance, son amour ou sa compassion apparente.
Daniel a raison de penser qu'il est temps aujourd'hui d'exprimer son ressenti sur ce nouveau paradigme puisque notre société évolue en permanence.
Cependant, il faut encore espérer que certains êtres qui n'ont pas accès à la connaissance et aux messages de paix et d'amour, puissent encore êtres guidés par des Maîtres ou Prêtres ou toute appellation entrant dans cette famille de mots, car ce sera un moindre mal, si tant est que certains peuvent se comporter comme on le voit trop depuis si longtemps, en abusant de leur pouvoir, de leurs privilèges et en tombant assez facilement dans les filets de l'illusion et de la dépendance, telle que la sexualité, sous ses formes déviantes et nuisibles à autrui.
Mais certes, il est temps, dans notre société occidentale dite évoluée ou développée, d'engendrer ce type de conscience afin de réaliser que tout est en nous et que nous pouvons avancer sans béquilles.
L'autonomie, la liberté et l'éveil conscient sont des thèmes encore mal compris et pourtant ils sont la base pour une nouvelle forme d'expression.
L'autonomie était autrefois, dans la tradition tibétaine, une des cinq matières enseignées aux jeunes moines. Cela nous montre à quel point nous sommes en retard chez nous car nous croyons apprendre à nos enfants tout un tas de choses fort enrichissantes mais nous oublions de leur apprendre à vivre de façon autonome dès leur enfance.
Et l'autonomie mène à la liberté, ce sentiment extraordinaire et si rare, non pas de faire tout ce que l'on a envie de faire, mais simplement d'avoir le privilège d'"être" en guidant sa propre vie, sans dépendre d'autrui, sans oublier que nous dépendons tous les uns des autres de par les lois naturelles d'interdépendance, mais ceci est un autre débat.

Lorsque l'on réalise que les enseignements se résument à un message d'amour, simplement, alors la phrase exceptionnelle d'Alain Brêthes prend tout son sens :
"Quand le disciple est prêt, le Maître disparait".
Quand la musique est belle, on ne voit plus ni le chef d'orchestre, ni les musiciens, qui disparaissent ensemble au profit de l'harmonie des sons.
Le chorégraphe n'est déjà plus là quand le ballet commence.
Lorsque les visiteurs s'émerveillent devant un tableau d'un grand Maître, l'artiste n'est déjà plus dans son corps.
Cela signifie que nous avons tous besoin d'apprendre des autres, qu'ils soient professeurs ou maîtres d'école ou parents, ou simplement nos voisins, mais à un certain moment, la mère pousse ses oisillons hors du nid pour qu'ils prennent leur envol.

Sans doute arrive-t-il un moment dans notre vie où nous n'avons plus besoin de Maîtres ou plutôt que nous sommes tous des professeurs les uns pour les autres.
Dans chaque être humain, il y a le potentiel pour s'éveiller soi-même et aider autrui à s'éveiller. L'Amour est la clef car il est partout, immuable.

[marie christine]

Nouvelle approche, oui, certainement celle de demain ...
Je pense qu'il faudra patienter encore des décennies avant que cette pratique ne se généralise .
En attendant, réjouissons-nous que les religions tendent à se rapprocher et reconnaître un même Dieu .