Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Trois Mondes
Derniers commentaires
26 mai 2009

Au bon beurre

beurre_04_

Je devais avoir 8 à 10 ans. Tous les étés nous partions en vacances chez mon arrière grand-mère. Elle habitait dans le centre de la France, une belle région, que je détestais quand j’étais petit (car je m’y ennuyais), mais que j’ai appris à aimer plus tard : le Limousin. Sa grande maison se situait à la sortie du village ; à une dizaine de kilomètres de Limoges. Mon arrière grand-mère était une maîtresse femme. Elle avait élevé ma mère qui avait été plus ou moins abandonnée par ses parents. Veuve, elle entretenait seule cette grande maison, située au milieu d’un vaste jardin. C’est simple, elle faisait tout : le jardin, les conserves, le bois à préparer pour l’hiver, le linge à laver au lavoir. Son caractère n’était pas toujours facile et sa vie était assez rude car le confort manquait. Les toilettes se trouvaient au fond du jardin, dans une cabane en bois, près du tas de fumier. On ne chauffait pas toutes les pièces et il fallait faire plusieurs kilomètres pour se ravitailler.

Le soir, elle m’emmenait chercher le lait à la ferme qui était située à un km environ de la maison. Je portais le petit pot que la fermière remplissait de lait tout chaud, encore crémeux. J’aimais bien aller à la ferme. Nous marchions le long de la route tous les deux et j’avais l’impression que mon arrière grand-mère me protégeait. Instant de complicité, fugace mais important pour moi.

Un jour mon arrière grand-mère me dit «  Sais tu qu’avec le lait on peut faire du beurre. Je vais te montrer ». Je la regardais étonné qu’on puisse faire du beurre avec du lait. Elle alla chercher du lait caillé que l’on faisait égoutter dans un torchon afin de faire du fromage blanc. Elle le versa dans un bol, s’assit sur sa chaise, mis le bol entre ses jambes et commença à fouetter le lait caillé avec une fourchette. Au bout de quelques minutes, je vis apparaître au fond du bol une pâte de plus en plus consistante. C’était du beurre !!Elle me le fit goûter et je trouvais ça fort bon.

Pourquoi cette histoire anodine est-elle restée gravée dans ma mémoire? Mystère des souvenirs….alors que j’ai vécu des événements bien plus importants dont je ne me souviens plus.

Daniel

Publicité
Commentaires
A
Oui, cela s'apparente à l'audace, comme si rien ne pouvait nous arriver. Il n'y a pas trace de doute, dans ces moments-là.
Répondre
N
La spontanéité désarçonne !
Répondre
M
Bonjour NLJ, heureuse de vous lire ! Votre histoire me rappelle des souvenirs un peu similaires . Les mots du coeur , qui sont ceux du vécu, se comprennent toujours . Moi, j'ai à peu près ingurgité les règles de grammaire à coups de gifles (des maîtresses), mais elles ne sont jamais arrivées à leurs fins pour les mathématiques !<br /> Pour être franche, Evlyne, il n'y a pas eu que le martinet, heureusement . J'aimais la compagnie des vieilles personnes, j'y trouvais le calme et la sécurité . Pendant les vacances scolaires, je passais des heures assise sur les genoux de mon grand-père en regardant rêveusement par la fenêtre . Je ne pensais à rien, à rien du tout . C'était de la méditation sans le savoir ...<br /> Je faisais aussi la tournée des fermes à vélo avec ma grand-mère (une habitude qu'elle avait gardée des temps de guerre) pour acheter la bonne crème fraîche, du lait, un poulet ou un lapin ...<br /> <br /> Une anecdote : <br /> Pendant l'occupation, cette même grand-mère, qui avait du caractère, se trouvait un jour sur une route de campagne avec sa sacoche remplie de victuailles (formellement interdit par les lois de la gestapo) ne savait pas très bien manier le frein . Un Allemand surgit au beau milieu du chemin, lui faisant signe de s'arrêter . Elle atterrit en plein entre les jambes du soldat allemand . Elle était tellement contrariée d'avoir été ainsi gênée dans sa course qu'elle se mit à vitupérer tant et plus . L'homme en fut si ébaubi qu'il la laissa partir sans demander son reste .
Répondre
E
On commençait à se faire du souci de ce silence! En effet , le petit vin chaud...en voilà une bonne grand-mère.Ce n'est pas le martinet qui attendait Marie-Christine pour lui remettre les pieds sur terre .Merci de votre indulgence pour les fautes, je dois bien avouer que cela me bloque ,pourtant,j'ai bien George SAND à mes côtés ,bien des points communs ,mais pour la plume, j'ai beau m'obstiné ,ça sera pas pour cette fois .
Répondre
N
Si je devais m'excuser a chaque fois Evlyne, je ne ferai que ça !<br /> <br /> Mais avec les souvenirs de Daniel, je pense savoir pourquoi je fais des fautes...<br /> <br /> Ma grand-mère chez qui j'allais tous les soirs aprés l'école, en période d'hiver, me donnait pour le goûter une tartine de crème sur du pain chaud avec un peu de sel et un petit verre de vin chaud avec du sucre vanillé pour me réchauffer. Mmm!!!, c'était bon ! Mais vous pensez bien, les devoirs après ça ! En même temps je mettais mes pieds contre le vieux poêle à bois pour les réchauffer.
Répondre
Les Trois Mondes
Publicité
Archives
Publicité