Pagan

Mandalay, au nord de la Birmanie.Il est 6 heures du matin, un taxi nous amène à l’embarcadère où un bateau nous attend. Nous allons descendre vers le sud , direction Pagan, en empruntant l’Irrawady, le long fleuve, à la couleur d’étain, qui traverse le pays du nord au sud avant de venir se jeter dans la mer dans la mer d’Andaman.
Sur le pont des femmes birmanes dorment avec leurs enfants, d’autres sont assises autour d’une sorte de gamelle à trois étages comprenant des légumes, du riz et du poisson. Le voyage va durer toute la journée. Mais déjà le soleil commence à se lever perçant la brume stagnant sur l’eau du fleuve et créant une atmosphère irréelle. Avant la lumière crue du jour, les couleurs sont pour l’instant pastel. Le bleu du ciel vient se confondre avec la couleur ivoire du sable des berges. Des stupas tout blancs nous accompagnent tout le long du voyage. La chaleur se fait plus présente et le fleuve s’éveille lentement. Nous croisons de vieux rafiots chargés jusqu'à rabord. Leurs moteurs font un tel bruit d’enfer qu’on s’attend à chaque instant qu’ils rendent l’âme. Les buffles se baignent voluptueusement dans l’eau pendant que les paysans commencent à arroser leurs champs avec deux arrosoirs accrochés au bout d’une baguette arrimée sur leurs épaules. C’est la vie paisible le long du fleuve qui se déroule devant nos yeux. Avant d’arriver à Pagan, il nous aura fallu faire plusieurs escales pour charger et décharger des marchandises, moments propices à des rencontres et à du négoce.
Vers 17h, dans une courbe du fleuve, le bateau accoste à Pagan et nous descendons pour gravir avec nos bagages une pente ardue sous un soleil de plomb. Un vieux taxi brinquebalant et poussif nous mène,  dans un nuage de poussière, jusqu’à notre hôtel.

Pagan, l’un des sites sacrés les plus extraordinaire au monde. Ce qui m’a le plus fasciné ce sont encore les couleurs. Tôt le matin quand le soleil commence à se lever sur les 2000 pagodes qui peuplent cette vallée, le paysage est un enchantement. Dans la lumière dorée, parmi les bougainvilliers rouges, blancs, jaunes safran, le spectacle est magnifique. Nous sommes plongés dans un autre temps, un temps fait pour rêver, s’imprégner, se fondre…. Peu de voitures et c’est tant mieux. Des chars à bœufs, des vélos avec des jeunes femmes birmanes sur le porte bagage, des moines bouddhistes de tous âges, crânes rasés, sandales aux pieds, dans leur longue robe rouge qui font l’aumône de leur nourriture selon la tradition birmane. Et puis ces temples, ces pagodes, ces stupas, vieux de mille ans ouverts aux quatre vents, reliés par des chemins de sable ou poussent broussailles et banians. A Pagan, on peut louer des vélos et sillonner à travers cet immense champ de ruines. Pratique, économique, mais attention à la chaleur et aux moustiques le soir venu !!
Pagan est née vers 850 et est devenue rapidement la capitale du premier empire birman. L'histoire de la cité prendra fin en 1287, avec l'invasion des armées mongoles de Kubilai Khan. Elle laissera derrière elle plus de deux mille édifices, dont près d'une centaine d'importance. On peut se demander pourquoi les souverains ont construit toutes ces pagodes avec une telle frénésie. Hélas, aujourd’hui, certaines sont mal en point, victimes des tremblements de terre et de l’érosion et les quelques restaurations entreprise ne sont pas des plus heureuses. Malgré tout Pagan reste un site incontournable dans un pays trop longtemps endormi par la dictature militaire.