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Les Trois Mondes
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20 décembre 2006

Red-Sea, récit

raie

Elle était belle, grande et souple. Lui bien musclé, sûr de lui, de sa force, de sa rapidité.
Tous les deux nageaient à merveille. Ils faisaient de longues distances sous l’eau, remontaient s’éclabousser en surface et se poursuivaient en jouant comme des enfants.
Sans doute à cause du déferlement des vagues contre le récif, ils n’ont pas entendu le bateau approcher. Ils n’ont pas vu non plus, le filet qui allait s’abattre sur eux. Quand elle s’en est aperçue, il était trop tard, elle était déjà prise dans les mailles. Plus elle se débattait, plus le filet garrottait. Elle céda un instant à la panique puis se calma, réfléchissant à ce qu’il fallait faire. Mais les autres étaient déjà là, sur elle.
D’un coup de gourdin bien ajusté derrière la nuque, ils l’assommèrent.
De toutes ses forces, le plus vite qu’il pouvait, lui avait fui vers le large, l’angoisse vissée au ventre. Et maintenant, il pleurait et criait en nageant, sa rage d’avoir vu sa compagne se faire prendre ainsi, devant ses yeux et de n’avoir rien pu faire pour la sauver.
Molle et blanche, les hommes l’allongèrent sur le pont. Un filet de sang glissa de ses lèvres, elle se vida sous elle, ses yeux se fixèrent et elle expira.
Je la touchais, sa peau était chaude et douce et je pensais à ce grand mâle, là-bas, seul en mer.

C’est dur tout de même d’être une raie !

Marc Rouault, Hurghada 16 août 1979

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