Vingt ans déjà
Vingt ans déjà. C’était en avril 1988. J’entrais à l’hôpital de la Pitié Salpêtrièreà Paris, dans le service du Professeur Cabrol, pour y subir une opération à cœur ouvert. Le corps médical avait diagnostiqué une fuite de la valve aortique. Le sang stagnait dans mon cœur, celui-ci gonflait et à terme, je risquais un infarctus. J’étais à la limite car j’avais attendu très longtemps avant de prendre la décision de me faire opérer. J’avais une peur bleue et me disais que le risque de mourir sur la table d’opération était possible. A cette époque c’était une opération lourde avec transfusion sanguine et ouverture du thorax.
Cette tranche de vie reste graver à jamais dans ma mémoire. J’ai été parfaitement opéré et je me suis rétabli très vite. Je faisais du yoga depuis longtemps et j’ai donc utilisé toutes les techniques yoguiques, notamment respiratoires que je connaissais pour retrouver toute mon énergie. Deux mois après, je reprenais mon travail alors que pour ce genre d’opération un arrêt de quatre à cinq mois était préconisé.
Depuis cette époque mon regard sur la vie a changé. J’ai pris conscience qu’elle était précieuse et qu’il fallait la réaliser pleinement, totalement, sans regrets.
Et puis cette opération m’a offert un petit trésor : j’ai une prothèse ( une valve en carbone) qui fait du bruit « tic-tac » comme une montre. Lorsque je suis dans mon lit, dans le silence de la nuit, selon ma position, j’entends raisonner la petite valve en moi. Elle me dit » Tu vois c’est merveilleux, grâce à moi tu es encore en vie ». Alors quand je suis triste ou angoissé, je me dis que ce n’est pas vraiment très grave et que j’ai déjà de la chance d’être encore en vie.
Finalement toute épreuve a quelque part du bon. Pour moi cela m’a beaucoup renforcé dans ma façon d’affronter les événements.