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Les Trois Mondes
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27 septembre 2009

Mu Ye Wu

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La Rochelle, dimanche 20 septembre : journée du Patrimoine. La ville est noire de monde d’autant que ce jour là plusieurs festivals ont lieu. Une pluie charentaise bien drue se met à tomber sur la ville. Les parapluies poussent comme des champignons sur le vieux port. Nous rentrons dans l’église St Sauveur, située juste face aux deux tours qui protègent le port. A chaque fois que je me rends dans une ville, un lieu nouveau, je vais visiter l’église. J’aime bien humer l’ambiance et me recueillir quelques instants. Souvent d‘ailleurs il m’arrive quelque chose d’inattendu. Ce fut le cas à l’église St Sauveur.

Dès le parvis franchi, nous entendons s’égrener sous la voute des notes de piano. Au pied de l’autel un piano est installé et un jeune homme, d’origine asiatique, joue des morceaux de musique. Nous nous asseyons et restons trois quart d’heure à l’écouter. Ce fut un bon moment. Le jeune homme jouait merveilleusement bien, un virtuose…. Je regardais ses doigts courir sur le piano, caresser les notes, s’arrêter un instant et repartir. Je pense qu’il jouait du Debussy et du Ravel. Je sentais intuitivement que c’était un grand concertiste. Plusieurs personnes se sont assises pour l’écouter. Il se dégageait de cette scène une émotion intense. La musique était à la fois douce et un peu plus violente, rapide et puis plus lente. Le jeune homme vivait intensément ce qu’il jouait. Fasciné je regardais ses mains. Elles étaient souples, déliées et ses doigts étaient d’une agilité remarquable. Au bout de trois quart d’heure, le jeune homme s’éclipsa discrètement.

Piqué par la curiosité je me renseignais et découvris qu’il s’agissait d’un concertiste de renommée internationale : Mu Ye Wu, un jeune chinois, âgé de 24 ans. Il donnait le soir même dans l’église un concert et avait répété une bonne partie de l’après-midi dans l’église.

Ce jour là j’ai vraiment ressenti ce qu’était un virtuose. Il maîtrisait tellement sa technique qu’il pouvait exprimer pleinement ses émotions.

Nous avons tous en nous des capacités que nous ne soupçonnons pas toujours. Il suffit de travailler et de croire en soi. Vaste programme !!

Daniel

Né en 1985 à Henan (Chine), Mu-Ye Wu fait ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Pékin dont il sort diplômé en 2000. Il s’installe à Paris en 2000 et intègre le CNSM de Paris dans la classe de Jacques Rouvier l’année suivante. Il reçoit son prix en 2004 et parallèlement poursuit ses études de musicologie à la Sorbonne. Il participe à de nombreux concours (Hong-Kong, Chine, Allemagne, Paris, Italie) où il gagne les 1ers et 2es prix.

PS: la photo n'est pas terrible mais j'ai fait ce que j'ai pu !!

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Je me souviens, j'étais enfant, j'avais 10 ans peut-être et mon Père acheta un piano. C'était un droit, sans grande valeur. De couleur noire, il l'avait fait déposer dans une alcôve derrière la cuisine.<br /> Le soir, un monsieur venait et lui apprenait des choses pour jouer. Il y avait un livre avec des caractères bizarres. Cela s'appelait des notes, m'avait-on dit. Je n'y comprenais rien mais j'écoutais la cacophonie que faisait mon père avec ses doigts. Heureusement, ma chambre était à l'autre bout.<br /> Quand on rentrait de l'école, vers quatre heures je crois, mon frère et moi allions discrètement dans la pièce. On ouvrait l'engin et on le touchait, délicatement, avec un doigt. Mon frère avait quatre ans de plus que moi. <br /> Moi, j'écoutais Beethoven, ses neuf symphonies que je connaissais par coeur. Mon père adorait la musique classique et le jazz. Il achetait des disques et nous écoutions sur un tourne disque et on mettait dessus des 78 tours. <br /> Avec trois frères étudiants en chirurgie dentaire, il avait formé pendant la guerre un quatuor vocal, uniquement. Ils avaient été parrainés par Jean SABLON, un chanteur vedette à l'époque. Ils s'étaient produits au Café de Paris, je crois, à Monté Carlo et avaient fait un tabac.<br /> Mais pour le piano, mon père, c'était pas ça.<br /> Pendant qu'il prenait des cours, nous, mon frère et moi, on tapotait avec un doigt, puis deux puis trois et une main.<br /> On essayait de reproduire des morceaux célèbres et on trouvait des notes parfois.<br /> Un jour, mon père décida d'arrêter ses cours et il emmena le piano dans notre maison de campagne familiale. Il le mit dans une petite dépendance.<br /> Quand c'étaient les vacances, on n'avait qu'une envie, mon frère et moi, jouer du piano. Parfois, on restait jusqu'à quatre heures du matin dans notre cabane. On jouait, on composait, on interprétait ensemble, sans connaître le solfège ni comment faire avec les doigts. On se débrouillait quoi.<br /> Je crois que le souvenir est inoubliable d'avoir composé avec mon frère une quantité de petits morceaux sans importance, quelques mélodies, à deux ou quatre mains.<br /> je n'ai jamais acheté de piano pendant ma vie d'adulte car je savais que j'y passerai tout mon temps et que cela ne pourrait pas s'accorder avec une vie de famille et une activité professionnelle.<br /> Aujourd'hui, lorsqu'on se réunit chaque année avec les frères, la cousine et les amis, il y a toujours un piano à l'endroit où on se trouve (sauf chez moi).<br /> Et avec mon frère, c'est systématique, on joue et toute la famille est là, pour rire, parce que mon frère, il chante aussi et il est drôle quand il chante.<br /> Alors Daniel, quand vous dites que vous aimez écouter un grand artiste jouer du piano, sachez que pour moi, le piano, c'est fascinant.
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