L’Eldorado et le Paradis

C’est une vieille dame, toute menue. La casquette vissée sur la tête, on dirait un vrai titi parisien. Elle passe quatre fois par jour en vélo, devant ma maison, car elle va à son jardin situé à un km de son pavillon. Une vraie fourmi diserte et dynamique. Son cageot, bien attaché derrière son vélo, est souvent plein de légumes et de fruits. Elle ne compte pas son temps pour son jardin, un véritable eldorado. Les framboisiers y sont prolifiques. Quant aux légumes, n’en parlons pas. Traités avec amour et gorgés de soleil, ils sont magnifiques. Le cognassier, cette année, a donné beaucoup de fruits. Je passe souvent devant et m’arrête admiratif, un vrai paradis !.

L’autre jour, nous étions tous les deux dans la rue et j’en profitais pour lui demander des nouvelles. Elle me raconta tristement que son mari était gravement malade, une maladie inconnue. A certains endroits du corps la peau partait en lambeaux, laissant les chaires à vif. Son mari souffrait beaucoup et elle était fatiguée de tout faire : son mari à soigner, sa maison, son jardin. Je lui conseillais de se reposer un peu et d’arrêter le jardinage. «  Surtout pas !! » me répondit-elle «  Mon jardin, c’est toute ma vie et y aller tous les jours m’aide à supporter les difficultés actuelles ». Je me dis en moi-même qu’elle avait bien raison. Chaque fois que je passe devant, je pense à elle. C’est son paradis, son eldorado.