Jacky Van Thuyne
Porte de Clignancourt, un jour pluvieux de février. Accompagné de Claude Michel qui s’occupe du volet humanitaire de l’association, nous avons rendez-vous avec Jacky Van Thuyne. J’ai fait la connaissance de Jacky en 2003. A l’époque je recherchais, pour une conférence, une personne capable de témoigner d’une épreuve vécue très difficile, épreuve qu’elle avait réussi à transcender et qui avait complètement bouleversé sa vie. Un ami me recommanda Jacky en me disant : « Contacte-le de ma part, tu vas voir c’est un homme formidable ». Je rencontrai donc Jacky et ne fus pas déçu. Sa vie est un véritable roman.
Jacky est né dans le nord de la France.Une enfance difficile, sans amour, marquée par la violence et la détresse, le fera basculer à l’âge de 28 ans dans la délinquance puis le grand banditisme. Recherché par Interpol pour de multiples hold-ups commis en France et à l’étranger, il finira sa longue cavale en prison dans les quartiers de haute sécurité. Son arrestation par le commissaire Broussard, dans le XVI éme arrondissement de Paris, a été particulièrement mouvementée. C’est là que la grâce viendra le toucher. Saisi par Dieu, il s’abîmera dans la foi et sa vie basculera dans l’aide aux autres. Educateur, puis responsable d’un centre de réinsertion, il devient directeur d’un centre d’hébergement et de reconstruction de ceux qui n’ont pas de toit.
Aujourd’hui Jacky est là face à nous, costume- cravate, des petites lunettes sur son nez. On dirait un PDG. Il souhaite nous voir car il a un nouveau projet. Depuis notre dernière rencontre en 2003, il a vécu bien des vicissitudes. Difficultés relationnelles au sein de son association et contraintes administratives trop fortes l’ont amené à quitter son poste de directeur pour se contenter de celui de conseiller technique. D’où son idée de recréer un nouveau centre. Il recherche de l’aide. Sa foi, son art de convaincre sont toujours intacts. Difficile pour une association comme la nôtre de lui procurer un soutien financier. Alors germe l’idée de reparler tout simplement de Jacky et nous programmons pour plus tard un café-rencontres avec lui et un reportage pour notre lettre trimestrielle. Nous nous quittons sur cette promesse.
En partant, je me souviens de phrases fortes qu’il a prononcées : « J’ai été trahi par des gitans et j’ai longtemps porté cette haine en moi, comme un fardeau. Il y a des pardons difficiles à faire tout seul. Alors j’ai prié : Enlève-moi cette haine. J’ai réussi à pardonner. Quand on pardonne, c’est d’abord pour soi car la haine fait très mal. Lorsqu’elle s’en va, le cœur est soulagé et nous sommes en paix. Sans pardon, le cœur accumule des frustrations, des rancunes et il se durcit au point de devenir méchant, violent. En pardonnant. Dieu m’a rendu mon cœur d’enfant ».
Jacky Van Thuyne est l’auteur de plusieurs ouvrages. Si son histoire vous intéresse, je vous conseille de lire « Je veux que tu sois mon père » aux éditions du Jubilé.