La mort n'est pas un drame
A l'occasion d'un travail sur les émotions, lors duquel mes élèves de maternelle sont invités à dessiner la joie, la colère, la tristesse, la peur, la surprise, Méryl, une joyeuse fillette de 5 ans me dit : "Moi, je suis toujours triste parce que mes deux grand-mères sont mortes ".
Je pense, en mon for intérieur, que voici une fois de plus l'exemple d'un enfant portant la souffrance de son entourage face à la mort des êtres chers. J'essaie de la consoler de mon mieux : "Tu sais, tes grand-mères sont au ciel (là, je ne risque rien, tous les parents le disent) et elles sont contentes parce qu'elles ne sont plus jamais vieilles, plus jamais malades, elles n'ont plus mal aux reins, etc..."
La petite semble satisfaite de mes explications. Puis Pauline, sa voisine, ajoute, d'un air désolé : "Moi, c'est ma mamie et mon papy qui sont morts tous les deux.» Je réponds :"Ils sont au ciel aussi, ils te voient et ils sont contents car ils sont ensemble."
Elle opine de la tête, elle est d’accord. C'est alors que Flavie, une fillette calme, discrète et équilibrée, se retourne et déclare avec assurance : "De toute façon, c'est pas grave : on meurt, on renaît, on meurt, on renaît, on remeurt, on renaît ; c'est tout le temps comme ça." Je la regarde étonnée : "Qui te l'a dit ?"La réponse fuse sur un ton de parfaite évidence : "Personne ! Je le sais. Je le savais déjà !" !!!!!????
Marie-Christine Poinsard