Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Trois Mondes
Derniers commentaires
17 avril 2007

Bouchart d’Orval et le « constat à l’amiable » (1)

J’ai assisté le 13 avril 07 à la rencontre avec Jean Bouchart d’Orval à l’Espace 104, rue de Vaugirard. Les lignes qui suivent reflètent ses propos, sans doute pas à la lettre, mais je ne pense pas avoir trahi leur esprit.


Le problème ce n’est pas la pensée, c’est de se l’approprier. Ce n’est pas moi qui attrape les idées mais les idées qui m’attrapent ! (en sciences, il est souvent arrivé que plusieurs chercheurs aient la même idée en même temps, comme Newton et Leibniz pour le calcul différentiel). Elles viennent faire leur nid quelque part. Mais si on se les approprie, cela devient inutile et artificiel. On ne devrait pas dire « je pense » pas plus que « je pleus » ou « je neige »…

C’est le mouvement d’appropriation, de préhension qui crée l’inquiétude. Le temps commence à ce moment-là. Il n’existe pas autrement, mais il se déclenche chaque fois que je tiens à quelque chose. Quand on fait de la musique ou du sport, tant qu’on est dans l’action, dans le faire, il n’y pas d’inquiétude. Il y a un grand bonheur à agir sans direction, sans s’occuper du but, une joie énorme, parce qu’alors on n’est pas dans le temps.

jean_bouchart_dorval

Ce qui est pur en nous – ce qui n’est pas ‘coloré’ par la mémoire – est toujours là, sinon on mourrait. Le sommeil profond vient pour nous redonner la nostalgie de cette tranquillité – et quand on s’éveille c’est encore un moment lumineux, un éclat – comme dans l’enfance quand le temps n’existe pas encore, et qu’on n’a pas l’idée de sa propre identité, de sa localisation, de la séparation entre ce qui est moi et le reste. C’est quelque chose qui ne peut pas être mémorisé, donc inoubliable – le pur élan – la lumière consciente

Devant la mort, nos projets, nos ambitions, nos possessions ne sont pas grand-chose. Tout ce que je crois tenir, c’est ça qui me tient, c’est ça qui me restreint. On ne voit pas assez grand, tout ce qu’on tient est toujours trop petit, jamais assez – parce que ce qu’on est, c’est démesuré, on pourrait dire même « démesurable ». On ne peut jamais être satisfait d’aucune réussite, d’aucun échec – c’est toujours trop peu. Ce qu’il y a d’essentiel dans ma journée, ce n’est pas ce qui est dans l’agenda – c’est quelque chose qu’on ne peut pas nommer, mais c’est réel et il n’y a que ça de réel. 

Il n’y a pas à convaincre personne de quoi que ce soit – il ne s’agit pas d’arguments mais d’une simple invitation à aller voir… Quand on se donner avec passion à une activité, on se sent bien immédiatement. C’est un indice : la joie ce n’est pas pour demain, c’est maintenant. Il n’y a pas de degré, pas de progression. Dès que je suis tourné vers quelque chose qui n’est pas là, je ne suis pas bien. Le rire est un lâcher immédiat, une reconnaissance instantanée. Pourquoi est-ce qu’on rit ? On rit de voir que ce qu’on croyait sérieux ne l’est pas. Il n’y a rien de sérieux – rien de vraiment sérieux.

(à suivre)

---------

Le site du Forum 104 :  

Le site de Jean Bouchart d’Orval : Lumière consciente

 

Publicité
Commentaires
Les Trois Mondes
Publicité
Archives
Publicité